Un imparfait du présent

 

« Camille redouble » est un film de Noémie Lvovsky, une quadragénaire au bout du rouleau (actrice ratée, alcoolique, larguée par son mari…) se retrouve projetée dans son passé d’adolescente de seize ans. Elle va revivre sa vie avec l’expérience de ses quarante ans…elle va essayer de toute faire pour que sa mère ne meurt pas, pour ne pas tomber amoureuse du garçon qui la fera souffrir vingt-cinq plus tard…

Le film est plaisant bien qu’un peu longuet. Bien sûr je n’ai jamais vécu le choc de Camille mais j’ai déjà eu le sentiment de revivre une scène déjà vécue ou de reconnaître un lieu alors que je sais parfaitement que c’est la première fois que je m’y trouve. C’est déstabilisant et cela ouvre la porte à des tas d’interprétations  surréalistes : don d’anticipation, réincarnation. Cela fait longtemps que je n’ai pas eu ce genre de flash mais le film m’y a fait repensé et…

Ce matin en lisant Le Monde, le titre d’un article a attiré mon attention « Le sentiment de déjà-vu : un imparfait du présent ». Incroyable, c’était un article scientifique sur ce phénomène fascinant, des neurologues ont percé le mystère du « déjà-vu ».

Il survient généralement chez les jeunes adultes en situation de fatigue et/ou de stress et s’apparente neurologiquement à une crise d’épilepsie…Si le cerveau fonctionne normalement, on perçoit une scène dans un premier temps et dans un second temps le souvenir de cette scène se forme dans le cerveau.

Dans les situations de « déjà-vu », la formation du souvenir ne se produit pas après la perception de la scène mais en même temps. Comme si notre cerveau décidait, pendant quelques secondes, de nous faire percevoir le monde à un temps improbable que l'on pourrait appeler l'imparfait du présent ! Le moment présent apparaît à la fois comme perception et souvenir.

Dans ces moments-là, nous sommes comme Camille, nous vivons des choses dont nous nous souvenons…