Le Bon Marché

       

Il ne porte plus vraiment bien son nom ce grand magasin de la Rive Gauche, ce temple du luxe n’est pas « bon marché ». Il impressionne dès le rez-de-chaussée avec toutes ces enseignes prestigieuses de maroquinerie. Les mêmes marques se retrouvent dans les autres grands magasins parisiens mais au Bon Marché, ce n’est pas pareil, c’est plus luxe…Toute ma vie je suis allée au Bon Marché, j’y ai acheté peu de choses au final mais je l’ai beaucoup traversé, c’est un lieu qui m’attire.

A l’école primaire, CM1 ou CM2 je ne me souviens plus, la maîtresse avait inscrit la classe à un concours de dessin de la Mairie de Paris. Le thème était « Paris à Noël »…je suis très peu douée pour le dessin, ma seule chance c’était d’avoir une idée originale pas trop compliquée à dessiner. Pas de sapin, pas de bonhomme de neige, pas de Tour Eiffel, qu’est ce qui pouvait bien symboliser à la fois Paris et Noël ? Les vitrines du Bon Marché !!! Je me suis lancée sur ma feuille de dessin Canson A4, j’ai dessiné l’enseigne telle qu’on la voit quand on arrive de la rue de Sèvres avec des lumières partout dans les vitrines.

Et j’ai gagné ! La remise des prix avait lieu à l’hôtel de ville, je me souviens de l’immensité de la salle de réception avec un buffet de petits gâteaux et de bonbons. Je me souviens d’un grand monsieur qui parlait et qui riait très fort, il m’a ébouriffé les cheveux en me donnant une très belle boîte de jeux. Je l’avais trouvé très gentil ce monsieur, Jacques C.

Le Bon Marché a 160 ans, il est plus beau que jamais, au deuxième étage, une exposition retrace l’histoire du couple fondateur, Aristide et Marguerite Boucicaut. Leur histoire m’a fasciné…Aristide a démarré comme simple vendeur dans un petit magasin de nouveautés rue du Bac, Marguerite travaillait dans une crèmerie dans la même rue, « self made couple ». Ils ont tout construit ensemble sans jamais oublié leurs origines modestes, les employés du Bon Marché ont bénéficié d’une politique sociale inédite pour l’époque : mutuelle santé, congés maternité (même pour les « filles mères »). Leur fils est décédé prématurément, ils n’avaient pas d’héritier, dans son testament Marguerite a légué sa fortune à ses employés et à l’Assistance Publique pour la création d’un hôpital, ce sera l’hôpital Boucicaut.